Le corps de chair est vide de moi.
L’existence va au gré des jours et des nuits,
sans qu’on puisse en suspendre le cours,
ne serait-ce qu’un instant.
Le visage aux joues roses, où est-il ?
On a beau chercher. Nulle trace de lui.
A la réflexion, on s’aperçoit qu’il y a tant
de choses du passé qui ne sauraient être revécues.
Comme l’éclair, le cœur nu,
sitôt apparu disparaît, sans jamais se figer.
Si le cœur pur est bel et bien vivant,
ce n’est pas à la suite d’un moi qu’on peut le trouver.
Ici même, le cœur s’ouvre sans avant ni après.
Que ce cœur s’éveille et nous rejetons
au loin les jeux du passé,
nous nous mettons à l’écoute de l’inaudible,
nous partons à la connaissance de l’inconnaissable,
sans que rien de cela ne soit notre fait.
Il en est ainsi, sachez-le,
pour la seule et unique raison que nous sommes ça.
Dôgen / shôbôgenzô / in-mo